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jeudi
janv.262006

Le CdPU en EU (3): Qu'est-ce c'est? 26.1.06 [FR]

Le Chef de Projet urbain en Europe (3)


Une autre, une VRAIE, cette fois-ci *), responsable d'intervention urbaine au Portugal vient d'écrire:
"...Le gouvernement a gelé tous les budgets d' [action] communautaires ... dans les quartiers urbains à difficultés, en attendant une nouvelle Loi sur les interventions [dans le cadre du] Programme de Lisbonne. [...] Les habitants du quartier [X] de la Ville d' [Y] font la grève. Ils ne savent plus comment expliquer cela aux gens du quartier. Ils se sentent [...] trahis. Deux de mes collaborateurs vont partir: Ils cherchent un boulot plus stable. C'est le [...(mot que je ne comprends pas)] ici... Nous sommes sur le quartier depuis 4 ans. Les responsables de la ville sont très contents de notre travail. Il y a beaucoup de projets en route. [...] Les gens ont vraiment pris de risques et ils ont été ouverts à des compromissions difficiles à défendre devant les habitants..."

Quartier populaire d'une petite ville de l'Alentejo (canicule d'été, 2005)

The Seven-Years' Itch


Notre travail est en manque de plusieurs choses.
L'émancipation des groupes défavorisés ne figure quasi jamais en tant que telle dans les programmes de rénovation urbaine.
Pourtant, c'est celle-là, et rien d'autre, qui est le vrai objectif de notre intervention. Une amélioration durable de la condition de vie des habitants das quartiers urbains à difficultés, passe nécessairement par l'émancipation. Qu'est-ce que c'est l'émancipation? C'est que les habitants, ou un groupe d'habitants, s'engagent sur un chemin qui les fait sortir de leur condition figée, sans perspectives, vers une participation nettement plus forte aux activités économiques, culturelles et sociales de la communauté environnante. Émancipation ne signifie pas qu'on renie ses racines: au contraire, les bagages de savoirs historiques, particuliers, seront exttrèmement utiles pour se créer des "niches" dans l'économie, pour obtenir une reconnaissance par la culture en pour se maintenir dans la lutte sociale. Nous parmons ici de processus qui prennent un temps à mesurer en années et qui sont chaque fois uniques, à cause des origines divergeantes et des conditions spécifiques posées par chaque environnement urbain.
Le respect des délais minimaux que nécessitent ces processus-ci, n'est pas non plus inscrit dans les programmes d'intervention. C'est pourquoi les autorités de tutelle croient, qu'on puisse interrompre ces processus-là à chaque moment, afin d'y ajouter (dans le meilleur des cas) de nouveaux objectifs. Et, dans le pire des cas, ce qui arrive, hélas, le plus souvent, on pense qu'il serait possible de recommencer à zéro et réengager les gens sur des autres objectifs.
Tout cela souffre également du fait, qu'il n'existent, dans le plupart des cas, pas de "bench marks" pour mesurer l'avancée de l'émancipation comme processus complexe, multisectoriel, qui sort des notions sectorielles de l'administration (et des sciences) et qui transgresse les limites des cloisons administratifs et scientifiques traditionnels.

Il n'y a donc pas moyen, dans l'administration, à balancer les pertes d'une rupture contre ce qu'il y aurait éventuellement à gagner avec une nouvelle approche. Pourtant, régulièrement, souvent après trois ou quatre ans, l'administration aura oublié ce qu'elle a mis en cause par son intervention sur le quartier et va déclarer qu'elle renonce aux objectifs originaux et qu'elle va s'en poser d'autres, plus modernes, plus efficaces, mieux subventionnables. C'est ce que j'appelle "the Seven-Years' Itch": le châtouillement qui envahit l'administration après quelques années et qui l'amène à détruire tout ce qui aurait éventuellement obtenu, en annonçant un renouveau brillant, plein d'espoir et qui sera complètement différent des politiques antérieures.

Les projets urbains que j'ai connus, ne sont que rarement échappés à cette effervescence administrative périodique. Parfois, les chefs de projets y ont survécu: Après une série de discussions au niveau politique, une reformulation du projet a permis de continuer le travail entamé. Les noms et les appellations avaient changé, les personnes et l'approche ont duré. Mais, dans la plupart ces cas, même si le personnel d'intervention et les grandes axes de son travail aient été sauvés, les cadres locaux, les personnes qui s'étaient engagées sur le quartier parmi leurs cohabitants, ont été perdues pour le projet. Découragement, sentiment d'avoir été trahi, enfin... Vous vous l'imaginez mieux que moi.

Les remèdes se situent au niveau de la contractualisation, soit-elle avec les responsables locaux ou avec des administrations super-locales. La contractualisation devrait comprendre (idéalement) une durée suffisante de l'intervention (au moins 5 à 7 années, mais plutôt 10), et/ou une convention sur l'évaluation des résultats qui se base sur des critères d'émancipation, ainsi que une liberté d'adaptation du caractère et de l'ampleur des interventions à entreprendre, selon ce qui résulte de la progression de l'analyse, de plus en plus commun, basé sur un dialogue avec les habitants.

De la part des Chefs de projet, il est essentiel, d'engager les responsables politiques et administratifs dans ces processus. Il ne faut pas se cacher et espérer qu'on nous laisse faire. Il est nécessaire d'immuniser ces gens-là, dans la mesure du possible, contre le châtouillement politique périodique à venir. Le niveau politique local, si engagé avec nous, a la possibilité, dans bien des cas, à protéger le projet contre les secousses de la politique nationale. A l'inverse, il s'avère aussi possible, à engager par exemple le niveau européen pour une plus grande stabilité. Les contrats de subvention européenne, s'ils sont bien ancrés dans les objectifs du projet, fournissent une protection bien efficace contre des velléités locales ou nationales, car ils comportent un cofinancement qui risquent d'être mis en danger par des trop brusques changements de course.

Dans votre cas, s'il est vrai que le projet n'a pas assez d'ancrages dans la politique locale, ni l'européenne, la meilleure tactique à adopter, c'est celle de l'hibernation: préserver autant que possible les réseaux et les cadres mis en place et formés, assurer une continuation des rémunérations des collaborateurs au projet en développer des activités temporaires afin de jeter un "pont" entre les deux phases d'engagement politique. Beaucoup d'habitants connaissent eux-mêmes de telles situations et ils seront solidaires.

*) J'avais voulu protéger l'identité de ma "Portugaise" des CdPU 1 et 2. Elle n'a pas apprécié. Je comprends. C'est une autre, d'un autre pays. Si elle veut, elle peut révéler son identité ici. En attendant, une autre collègue, cette fois-ci une vraie Ibérique, est intervenue, en croyant que ma "première" Portuguaise était un collègue à elle. Je m'excuse auprès de mes deux correspondants. J'espère que "la cause" commune primera...
jeudi
janv.192006

REGENERA La Haye: Rapportage intermédiaire [FR] (19/1/06)

...Voici un bref rapportage de ma main sur le progrès des travaux par rapport à la ville hollandaise de La Haye, où le thème de la Santé a été étudié par une équipe internationale du Réseau, début décembre 2005. Premiers éléments pour une contribution basée sur les recherches à La Haye (décembre 2005) pour l’étude sur la Qualité de Vie urbaine du Réseau urbain européen d'URBACT-REGENERA Bruxelles, 19 janvier 2006 J'ai étudié un peu la situation hollandaise, par rapport aux initiatives et actions, ayant une relation (éventuelle) à la Qualité De Vie dans les quartiers de La Haye.

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mardi
janv.172006

E-Urban Images [EN][FR]: Regenera à La Haye | Regenera in The Hague 17/1/06)

[EN] ...A research visit of an international European Regenera team was made from 1-3 December 2005. The subject was: Health care in marginalised communities. | [FR] ...Une équipe européenne de recherche visita la ville du 1 au 3 décembre 2005. L'objet de leur enquête fut: Les soins de santé dans les communautés marginalisées urbaines.

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samedi
janv.072006

Le Chef de Projet urbain en Europe - Qu'est-ce que c'est? (2) 7.1.06 [FR]

"La méthodologie on ne peut pas l'apprendre a l'Université, c' est le résultat

de notre expérience. Dont nous ne savons, peut-être, pas comme la transmettre", écrit ma correspondante portugaise, en réponse au mail que je citais dans la note précédante. Ce qui me donne l'occasion d'élaborer sur en des sujets que j'annonçais à la fin de mon commentaire.

J'ai répondu (extrait du mail du 07/01/2006):

Je ne suis pas d'accord avec toi, que la méthodologie de l'intervention territoriale ou sociale (orientée vers certains groupes) dans les villes, n'aurait pas sa place à l'université. Il faut, à mon avis, un grand effort de recherche scientifique, transversale, avec comme objectif une critique des fondements de

  • certaines parties de la sociologie, de la sociographie, et de la psychologie sociale,
  • l'économie des entreprises et l'économie monétaire et étatique,
  • l'histoire des émancipations collectives
  • l'urbanisme,
  • la statistique,
  • et tutti quanti...
Cette recherche critique devrait, bien sûr, se fonder sur nos expériences concrètes, identifier le moments et les endroits où apparaissent des anomalies, retourner aux sources philosophiques de ces domaines de savoir, les rectifier, le cas échéant, et puis rassembler ces secteurs dans une approche intégrée. Ce n'est qu'alors, qu'une méthodologie d'analyse et de diagnostic, ainsi que d'un suivi évaluatif, pourront être développées.
Ceci n'empêche pas, que la formation des intervenants puisse se faire hors des universités: dans des académies et dans des cours postuniversitaires ou de perfection professionnelle.
Ce que nous faisons maintenant, avec les bonnes rencontres internationales de travail en commun, ne fait que remplacer une production de savoir et de savoir-faire moderne, scientifique, par une méthode plus instinctive, traditionnelle.
Nous sommes comme les jeunes apprentis-artisans des temps d'avant la révolution industrielle, qui quittaient leur ville, leurs parents, les autres membres de la corporation (qui étaient leurs compétiteurs) pour aller apprendre le métier dans une ambiance non-hostile, neutre, dans des pays lointains. Ainsi, les apprentis-ébénistes allemands se retrouvaient en France et vice-versa, pour y parcourir une sorte de rite d'initiation. Ce n'était pas très efficace du point de vue économique, car les savoirs devaient se réinventer chaque fois, mais d'un point de vue humain et éducatif, c'était parfait. Pour l'époque. C'est Claude Jacquier qui a trouvé cet image fort sur nos voyages européens des experts de l'intervention urbaine, il y a plus que dix ans déjà.
Depuis, chaque fois que j'en trouve une occasion, j'ai essayé à ne le pas manquer afin de pouvoir déposer mon plaidoyer pour une plus forte implication scientifique, indépendant et universitaire dans le domaine de l'émancipation urbaine. Dans les meilleurs des cas, les professeurs, les chefs des départements des facultés, m'ont regardé avec des yeux ronds et innocents en me promettant d'y penser. Ils pensent encore.
Mais il ya d'autres que moi, qui font bouger un peu le monde scientifique dans la bonne direction: Claude, via le CNRS et les universités de Grenoble et de Lyon et aussi via tout un réseau international qu'il crée avec ses propres mains et qui a obtenu une place auprès de la Commission européenne; Gabriel Chanan, le directeur scientifique de la Community Development Foundation d'Angleterre, exerce aussi son influence dans la bonne direction. Puis, j'ai pu constater à Amsterdam, où une conférence européenne sur la Ville était combinée, l'année passée, avec une réunion d'une organisation internationale des statisticiens, que même ce monde-là, très figé, bouge bel et bien. Une infusion de scientifiques avec une expérience au tiers-monde peut aider aussi: Florence en témoigne avec l'équipe italienne d'accompagnement des réseaux URBACT de Partecipando et d' UDIEX-ALEP. L'équipe d'accompagnement scientifique rénove l'approche de la participation civile dans les villes. J'appris leurs expériences dans un groupe de travail de la réunion annuelle de Liverpool en novembre dernier.

Ce qui me rappelle, que je dois absolument parler aussi de la participation, de l'autogestion et les méthodes de consultation et de négotiation avec les populations et avec les autres acteurs de l'intervention intégrée urbaine...
C'est essentiel pour un bon suivi et, aussi, pour revenir au niveau scientifique, une énorme contribution potentielle des acteurs de la rénovation urbaine, aux théories politiques (politicologiques) sur l'articulation de la démocratie.

À suivre, donc....